Note de lecture sur Le vacataire, de Thomas Porcher.

Le vacataire, sous la plume de Thomas Porcher, décrit à la première personne une semaine de la vie d'un docteur qui, dans l'attente d'un poste fixe, enchaîne les vacations. Il travaille dans diverses formations, enseignant à tout faire de l'économie, à "Sup de Prépa-Co", à Tolbiac, et à l'Institut des Travailleurs Sociaux. Dans ce texte qu'il présente comme "librement inspiré de faits réels", Thomas Porcher raconte l'expérience qu'il a vécue durant 5 ans, de précaire de l'enseignement supérieur, devenu auto-entrepreneur pour pouvoir vivre (ou survivre) de son art. L'Université, on le sait, emploie de préférence des personnes qui ont un employeur principal, afin d'économiser des cotisations sociales. Thomas Porcher raconte ce que fait sur lui, sur son psychisme, sur son corps, sur sa vie privée, cette vie précaire. Sans auto-complaisance, il ne cache pas, par exemple, les copies corrigées à l'arrache dans le métro, les retards systématiques parce que les emplois du temps ne sont pas vraiment compatibles.

Pour celles et ceux qui ne le situent pas, Thomas Porcher est un économiste "classé à gauche", membre des économistes atterrés. C'est quelqu'un assez en vue, qui porte chaque semaine la contradiction à Dominique Seux sur France Inter.

De son histoire de fils d'émigré vietnamien, devenu maître de conférences, souvent classé parmi les universitaires les plus influents, Thomas Porcher aurait pu faire un roman, de ces histoires de transfuge de classe comme on les aime tant. Mais Thomas Porcher ne met pas en scène l'exception consolante qu'il est devenu; son livre est très sobre: il n'est pas un héros, juste un témoin, et sa réussite finale n'est pas racontée dans le livre.

Ca se lit facilement (un peu moins de 200 pages, écrit assez gros), ça ouvre des horizons à ceux et celles (comme sans doute le personnage de Mme Colin) qui ont vécu leur vie universitaire du bon côté du manche. Dans la 4e de couverture, Thomas Porchet écrit que "surtout, [il s'] interroge sur les choix politiques qui amènent à précariser, dans l'indifférence quasi-générale, les services publics et leurs personnels depuis plus de trente ans". A conseiller à votre député.e.

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